L'UTT en route vers l'autosuffisance énergétique

Il y a six ans déjà, l’Université de technologie de Troyes s’engageait dans un Plan stratégique (UTT 2030) en vue d’inscrire ses actions de recherche, de formation et de transfert dans une démarche de soutenabilité. Désormais en phase 2 (2021-2025), ce plan a franchi une étape importante avec le projet Evolution. L’objectif : faire évoluer l’école et ses usages vers une université post-carbone.

 

©JP Gilson

 

Efficience énergétique du patrimoine immobilier, efficience des services et activités hébergées, pilotage et optimisation fonctionnels, évolution des usages et comportements, mix énergétique décarboné mais aussi mobilité et transport constituent les principaux leviers retenus. Pour parvenir à l’autosuffisance énergétique, le projet s’appuie sur le déploiement de solutions combinant solaire, éolien et méthanisation. Un hub énergétique a également été créé en vue de faire émerger collectivement les solutions les plus appropriées pour transformer l’UTT en école à énergie positive. A terme, c’est tout le campus qui sera concerné. L’UTT est ainsi « devenue un laboratoire d’expérimentation et une vitrine de ses compétences. Le site va être transformé en démonstrateur pour permettre la réplicabilité de la démarche », explique Youcef Bouzidi, enseignant-chercheur et chargé de mission Transition énergétique pour l’UTT.

Déjà plusieurs actions concrètes

Jusque-là chauffés au gaz naturel, les bâtiments de l’UTT sont désormais raccordés au réseau de chaleur biomasse (bois - paille) de la collectivité, ce qui autorise une réduction de 35 % des émissions annuelles de CO2. Notons aussi que la généralisation de l’éclairage Led à l’ensemble des bâtiments d’enseignement contribue à réduire de 65 % le poste éclairage au sein de la consommation globale d’énergie.

En plus de cela, le solaire est particulièrement à l’honneur dans le projet, dans trois applications différentes. D’une part, une installation solaire qui entrera en service en 2022 pourra, grâce à un raccordement bidirectionnel, fournir de l’énergie aux riverains aux périodes où les locaux seront moins utilisés, soit d’avril à octobre. « C’est la première fois que l’Université prend sur elle d’injecter sa propre chaleur », souligne Youcef Bouzidi qui s’est mis à l’occasion à la place d’un chef de projet et en a découvert les différents aléas. D’autre part, le parking va être équipé d’ombrières PV dont la production sera auto-consommée. Le montage opéré dans ce cadre est original : un bail de 12 ans sera élaboré durant lequel l’UTT achètera l’électricité produite, ensuite l’école deviendra propriétaire et bénéficiera de l’installation. Enfin, le solaire va également être utilisé dans sa déclinaison « froid » : un groupe frigorifique à absorption produira du froid à partir de la chaleur issue de l’installation. Ceci permettra d’améliorer le confort des usagers en période de grande chaleur, le tout, sans utiliser de fluide frigorigène et avec une consommation électrique insignifiante par rapport aux systèmes classiques de climatisation.

Autre volet du projet, un micro-méthaniseur urbain va transformer en ressources (énergie, compost et eau propre) les déchets du restaurant universitaire et, à terme, ceux des autres restaurants alentours. L’équipement sera raccordé à une serre du jardin qui alimente les cuisines de ce restaurant.

 

Quels financements ?

Dans leur ensemble, ces premières briques ont totalisé 1,1 M€. L’Europe et la Région ont contribué à hauteur de 40 %, l’Ademe a apporté 20 % via le Fonds Chaleur et le Conseil général de l’Aube, également 20 %. « Le reste, précise Youcef Bouzidi, étant de la masse salariale de l’UTT que l’on valorise ».

D’autres briques à venir bénéficieront du Plan de Relance à l’exemple notamment de l’isolation à grande échelle. Etant propriétaire des locaux, c’est le département qui en profitera. Il a d’ailleurs déjà annoncé son intention de déployer la démarche sur l’ensemble du campus.

Une dynamique continue

De nouvelles perspectives s’ouvrent pour ce projet d’envergure. C’est le cas, par exemple, de la gestion optimisée des réseaux et modes de production / consommation interconnectés via le Big Data et les algorithmes ou encore du développement d’outils facilitant l’intégration et le pilotage d’énergies renouvelables et la flexibilité de la production par rapport à la demande. L’accent va également être mis sur le développement et l’accompagnement de la mobilité décarbonée et des nouveaux usages.

Au final, ce projet est 100 % bénéfique pour l’UTT qui, à la fois, gagne en attractivité, maîtrise ses dépenses de fonctionnement et contribue activement à la transition environnementale et énergétique.

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